Soft skills et résilience, voici le témoignage d'Axel alletru
Portrait d’un champion pluridisciplinaire aux multiples engagements. Témoignage d’Axel Alletru, ancien sportif de haut niveau maintenant conférencier à succès.
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Quel a été votre choix de parcours (et de vie) jusqu’à présent ?
Multiple champion d’Europe et vice-champion du monde de BMX junior, l’activité de motocross professionnel, les médailles de champion du monde, et notamment en espoir dans le domaine du motocross m’est plus destiné que l’activité de conférencier que je ne connaissais pas et qui ne me tendait pas les bras. J’étais connu dans le sport et destiné à être athlète de haut niveau jusqu’aux championnats du monde de 2010 où j’ai mon accident en Lettonie. Jusque-là, je ne regardais pas dans le rétroviseur. En me réveillant et en écoutant les médecins, je ne me voyais pas ne plus jamais marcher, ni faire du sport du tout. Paraplégique, je devais rester sans plus jamais ne serait-ce que marcher.
J’ai décidé que je pourrais me tenir debout, marcher et pratiquer. Je suis devenu champion en natation handisport par la suite
En quelques mots, pourquoi vos programmes et conférences existent ?
En tant que sportif professionnel j’étais membre de la Team BPCE Caisse d’Epargne comme athlète olympique. J’ai été sollicité pour raconter mon histoire comme paralympique, ça ne m’intéressait pas. Si je devais raconter, je voulais le faire en racontant mon histoire, mon parcours, pas à cause du handicap. Ma façon de raconter mon parcours, toute la résilience que j’ai mise dans mon témoignage, ce que je pouvais dire dans les interventions BPCE et réciproquement, ont mis lumière et m’ont donné le goût de cette expérience et l’envie de raconter, toujours avec authenticité, en parlant à chacun quelque soit le nombre et l’origine des personnes dans le public. Je fais naturellement comme si je parlais à chacun d’eux pendant 1h30 ou plus. Et parfois, j’ai un retour, pas toujours direct, sur le changement que mes mots provoquent ou l’impulsion que cela donne à certains. Je n’avais pas en tant qu’athlète de haut niveau ce regard ni de prise de conscience. Maintenant j’ai une vraie confiance que je transmets avec un message clé qui est aussi dans mon livre. Avec les conférences « Sans rancune la vie » je transmets l’élan du dépassement de soi. Après BPCE, j’ai voulu le faire au delà des collaborateurs, pour plus de monde, c’est devenu une mission de vie, d’être dans le partage, la transmission, avec humilité et sincérité.J’ai l’impression que les messages que je partage peuvent changer les gens au quotidien. Il y a parfois dans le public des gens réservés, et d’autres qui en écoutant, osent dire ensuite, leur histoire, leurs doutes, et le font après avec confiance.
Depuis la création de votre activité de conférencier, votre discours/approche a il changé votre regard sur les gens et ceux des personnes que vous rencontrez ?
Dans mes prises de parole au début, je voulais éviter d’aborder le sujet du handicap, pour son côté tabou, qui met mal à l’aise les collaborateurs notamment, j’ai donc préféré partager mon histoire, mon parcours d’athlète et ma passion du sport, mon engagement dans mon parcours et depuis mon accident en Lettonie, sans prendre le temps de réfléchir mais en me mettant en action pour rebondir. Sans vraiment parler de handicap.
Les regards sur les défis de la vie professionnelle de vos interlocuteurs ont-ils changés ? Qu’est ce que vos conférences crée chez votre auditoire?
J’aime que ce soit interactif, j’interviens et je questionne, les personnes interviennent parfois ou viennent me voir après. Je me rappelle une fois un chef d’entreprise qui est venu me dire qu’une personne dans son équipe avait pour lui le potentiel d’aller au-delà de son poste actuel mais refusait ou n’osait pas prendre les fonctions nouvelles qu’on lui proposait pour progresser. Après une de mes conférences, la personne y a assisté et ça lui a fait un électrochoc. Certains me disent qu’ils sont dans leur quotidien, et je leur parle du fait que le principal est de ne pas s’éloigner de la vie, du bonheur et que ma démarche est d’être heureux. Pour cette personne par exemple, ça a eu pour effet qu’elle se dise pourquoi pas moi, on n’a qu’une vie, essayons. Et elle a énormément réussi dans cette nouvelle voie. Depuis le Covid, les sociétés souhaitent surtout ce type d’intervention, authentique sur l’histoire de vie, mon histoire. L’écoute est plus importante. Mon public n’a pas changé mais son intention et son besoin d’entendre du vrai oui. Je me suis d’ailleurs lancé et j’ai écrit « les 28 principes pour rebondir » un livre pour permettre aux gens de partager à leurs proches mon histoire et ce que j’en ai fait, pour permettre à d’autres de passer un moment difficile (deuil, accident, licenciement, déprime, etc. J’ai l’impression que les personnes qui assistent adhèrent aussi à cette envie de partager le message au-delà de l’intervention, par rapport à ce que cela déclenche chez eux, qu’ils m’en parlent ou pas. C’est une manière de garder un peu de ce moment et le diffuser.
Quelles sont selon vous les caractéristiques/compétences d’un porteur de projet qui a traversé des épreuves personnelles ? est-il/elle différent de l’entrepreneur formé par les écoles de management, de commerce ou d’ingénieur ?
J’ai toujours été quelqu’un qui était dans le partage, l’écoute, même quand j’étais champion du monde, je pense que la clé c’est de partager, de propager le message que tout est possible. J’avais cette capacité d’être en connaissance de mon corps, mes limites, mes aouts, et j’ai partagé, je partage ce que j’ai mis en place, en me connaissant bien pour travailler ma rééducation et ne pas rester bloquer face aux murs que décrivaient les médecins. Les croyances limitantes empêchent de se mettre en action. Or on n’a pas le temps quand on doit faire face. Je pense qu’il faut se dire et agir comme ça : je ne peux pas rester là, baisser les bras, accepter ça. Sinon on entre dans une spirale qui n’aide pas.
Quel mindset avez-vous développé ? quels sont les aspects qui ont été développé du fait de votre situation, se sont révélés en terme de comportement, rapport aux gens, rapport au professionnalisme, entre vos premières activités professionnelles (sportives) ? Est-ce que vous avez l’impression qu’il y a deux mondes distincts qui s’affrontent ou coexistent ?
Je ne sais pas dire s’il y a un monde des valides et un des handicapés en tant que tel, mais je m’étonne depuis que je peux utiliser les béquilles notamment, du changement de regard et notamment de la « surprise » des gens, quand je suis à vélo, les passants me voient en valides, en fauteuil électrique en handicapé ou en béquilles ça dépend, ou en voiture, en fonction de ce que j’ai à faire j’utilise différents modes de déplacement et on me met dans l’une ou l’autre catégorie. Selon les situations je traverse d’un monde vu comme valide à un monde vu comme celui du handicap et on ne m’attend pas nécessairement dans l’un ou l’autre. Moi ça dépend du temps de trajet, de la praticité, de ce que ça peut générer en fatigue ou non, c’est surtout logistique. Dans tous les cas je reste la même personne.
Comment envisagez-vous vos pratiques et quelles sont vos futurs objectifs ?
Je suis attaché à permettre de faire prendre conscience, et j’ai le sentiment d’avoir un challenge de transmission à poursuivre. Parfois j’apprends par personnes interposées que mon témoignage a eu un impact, inspiré dans une carrière, permis d’ouvrir des potentiels. C’est une mission de vie de pouvoir aider quelqu’un pour dire que d’un traumatisme ou d’un incident de vie on peut faire quelque chose. En témoignant, je donne un peu de cela et je me dis que si je ne l’avais pas fait, mon silence aurait été égoïste. J’ai trouvé des personnes inspirantes en 2010 quand mon accident est arrivé, et je devais, je me dois de partager ce que j’ai mis en actions. J’aimerais maintenant étendre les conférences à l’internationale, en salle de conférence plus qu’en visio mais les deux sont possibles. Diffuser ce message est un grand défi pour moi, j’ai envie de le relever.
Quels seraient les mots que vous aimeriez partager à des talents en devenir porteurs ou contributeurs à des projets suite à un incident de la vie, ou animés par ces évènements qui vous changent pour en faire un atout dans leur(s) trajectoire(s) professionnelle(s) ?
Les gens se mettent des croyances limitantes pour ne pas agir, ou leur entourage, la société, le conditionnement,… j’ai appris en agissant que les incidents de la vie permettent de se recentrer, faire le vide, écouter cette voix intérieure qui dit, « et pourtant j’ai envie de faire ça », je peux maintenant dire qu’il faut l’entendre et ce dire et agir en conséquences « c’est ça que j’ai envie de faire, plutôt que de suivre ou appréhender le jugement des gens, leur regard, ça n’est pas vous. A la question, ‘êtes-vous à votre place, dans votre tête ? » Par rapport à l’image que vous vous faites de vos possibilités, si la réponse est « non pas encore », alors agissez.
